Dans sa grande majorité, la collection photographique du chronoscaphe est composée de négatifs (sur plaque de verre ou sur film) et de positifs (sur film ou sur plaque de verre) et assez peu de tirages papier. Quelques rares fois pourtant, nous avons une image à la fois en tirage et son négatif original.
Numériser un négatif, le passer en positif, est-ce déjà une forme d’interprétation de l’image ? Travailler le contraste, la luminosité et faire des masques, on le ferait aussi bien sous l’agrandisseur. C’est déjà plus que ce qu’on fait pour un tirage par contact cependant…
Donc le choix qui a toujours été fait dans cette collection a été de limiter les retouches, à quelques « dé-pétouillages » près (retirer les poussières et certaines écorchures), pour rester le plus proche possible de la photographie prise.
Cette fois-ci, on peut faire la comparaison entre le négatif et l’interprétation de celui-ci par son auteur. Les différences sont visibles et surprenantes !
Dans le lot d’images qui comprenait celle-ci, il y avait de petits tirages très soignés où la volonté esthétisante du photographe ressort clairement : vue architecturale, silhouette se détachant sur la fenêtre, etc. À chaque fois, de généreuses marges blanches du papier étaient conservées, donnant à la petite image un aspect plus précieux encore.
Le négatif bien sûr est passé en strict noir et blanc, alors que l’auteur a choisi un papier à tons chauds et réalisé sans doute un virage, ce qui lui donne cette teinte légèrement sépia. Le tirage est assez sombre alors que le négatif est plutôt bien équilibré dans ses tons clairs et foncés.
Ce qui est surprenant, ce sont les grands cercles qui semblent comme griffonnées autour du sujet. Ils ne sont pas présents sur le négatifs, donc ils sont forcément liés au tirage : action volontaire sur le papier, accident lors du virage du tirage ? Sous le doigt on ne sent rien, rien de spécial visible non plus dans les reflets à la surface, pas de griffure.
L’image sur le tirage fait la même surface que le négatif, c’est donc un tirage par contact. Le papier a été insolé avec le négatif posé exactement dessus, sans doute avec un masque juste autour pour que le bord du film ne laisse pas de trace.
Si l’image est assez difficile à dater (le traîneau à cheval peut être aussi bien utilisé en 1880 qu’en 1915 !), le format du film nous indique plutôt que la photographie a été prise au XXe siècle (le film de format 120 a été produit à partir de 1901).
Le papier est d’assez bonne qualité, un peu épais. Difficile de donner une date d’après ce support. Il n’est pas non plus à exclure que le tirage soit largement postérieur !
Les autres photographies citées plus haut dans la même série sont également difficile à dater, on ne peut guère s’appuyer sur la tenue du jeune homme à contre-jour… Peut-être les années 20 ?
Le mystère restera donc entier, il est peu probable qu’on en sache jamais plus sur cette photographie, au demeurant fort belle, ni pourquoi son tirage porte les traces d’un vortex si menaçant…
Si vous avez des suggestions… :)