Le Chronoscaphe

Le Chronoscaphe

La collection


Le premier négatif

2007. J’achetais du papier photo ancien pour faire du tirage argentique. Dans une pochette étaient glissés quelques négatifs dont ce monsieur, casquette et marcel, qui fait l’andouille à la fenêtre du premier étage. On voit l’histoire en 3 images :

La seconde image est intéressante car le négatif est abîmé, il y a un manque important au centre de l’image, et pourtant, l’ombre du personnage nous permet d’imaginer ce qu’il est en train de faire.

Finalement, un parent, ami, voisin ? se positionne sous la fenêtre pour aider l’acrobate à descendre. Les vêtements des protagonistes situent la scène dans les années 30. On commence à cette époque à voir la photographie se démocratiser, et les prises de vues ne sont ici ni solennelles, ni pour marquer un événement important de la famille (encore que !!!). La photographie est récréative, on immortalise un bon moment. 

[illustration] reprendre la silhouette et la promener devant une fenêtre ? 

Les autochromes

La deuxième pierre de l’édifice de ma collection est l’acquisition vers la même époque de mon premier autochrome.

Le premier autochrome de la collection

Il s’agit du premier procédé de photographie couleur commercialisé. Son brevet fut déposé en 1903 par les frères Lumière et les plaques furent produites pour la vente à partir de 1907. Pour faire simple, sur une plaque de verre est fait un couchage composé de fécule orange/violette/verte contre une mixture photosensible,  qui va agir comme un filtre au moment de la prise de vue. Cela donne un aspect unique et des couleurs incomparable à ces photos. 

Les grains colorés sont visibles à l’œil nu.

Cette plaque montre un sujet très courant pour ce support : des fleurs ! J’ai ensuite continué de collectionner des autochromes, qui sont un témoignage extraordinaire des couleurs à une époque où elles sont très rares en photographie, mais aussi pour leur charme et la prouesse technique qu’elles représentent.

https://lechronoscaphe.com/theme/autochromes/

[illustration] créer des filtres orange/violet/vert ?

Le négatif : la découverte de l’image inversée

Je choisis donc de concentrer ma collection naissante sur les négatifs. En effet, ils présentent plusieurs intérêts :

  • ils se trouvent facilement par lot assez importants, de dizaines voire centaines d’images
  • moins recherchés que les tirages, ils sont aussi moins cher (jusqu’à récemment)
  • ils sont la matrice de l’image : à partir du négatif on peut récupérer une image de haute définition (c’est la qualité de l’appareil photo de l’époque qui fera sans doute défaut…) et procéder à des tirages modernes de bonne résolution
Détail sur un négatif (passé en positif après numérisation) sur plaque de verre

La découverte des images est très progressive : on a un aperçu très approximatif quand on le sort de la pochette. En effet les valeurs (noir et blanc) sont inversée ce qui demande une gymnastique sérieuse au cerveau pour comprendre ce qui est sur l’image. On reconnait bien sûr des formes (une Tour Eiffel, un bébé) mais guère plus. 
Ensuite, le négatif est numérisé. C’est là qu’apparaît pour la première fois depuis sont tirage initial, l’image positive. Elle demandera encore quelques ajustement (luminosité/contraste) pour être tout à fait exploitable.

[illustration] intégrer une vidéo qui zoom d&ans l’image pour avoir des détails à peine perceptibles à l’œil nu.

Si l’on comprend bien quelle scène est ici dépeinte, on ne peut pas encore en savourer les détails et les nuances tant que l’image n’est pas positive.

Je retouche peu les photos. Juste un recadrage du négatif, éventuellement un peu de dépoussiérage. 

Les négatifs existent dans plusieurs tailles, sur plusieurs matériaux. En effet, au fil du temps, les normes des appareils photo ont évolué, et si l’on n’a connu avant l’apparition du numérique principalement  les formats 24×36 et 6×6, il en a existé bien d’autres ! Les supports ont évolué aussi : d’abord des plaques de verre au gélatino-bromure d’argent, puis des films en nitrate de cellulose avant qu’ils soient remplacés par des pellicule en acétate (safety film).

Le « nouveau » film acétate présente moins de risques de s’enflammer… Il est qualifié de Safety film !

[illustration] grand négatifs et grands positifs de la même image

Négatif/positif, diapositives, tirages

La collection se compose donc principalement de négatifs (sur film et plaque de verre), de positifs, qu’on va appeler des diapositives quand ils sont projetés (plaques de lanterne magique, Kodachrome, autochrome, Dufaycolor, Alticolor) , quelques tirages, notamment des portraits carte de visite (qui sortent du cadre de la photographie amateur), des tirages sur papier albuminé et tirages sur papier photo « moderne » (des années 30 quoi…) parfois réunis dans des albums. Ces derniers apportent l’avantage d’être souvent légendés, alors qu’une pochette de négatifs ne nous donnera en général aucune indication de lieu, date ou personne…

Carte cabinet

[illustration] montrer (des copies des) différents types de supports

L’effet pochette surprise

Quand je récupère des lots de négatifs, je n’en sais généralement rien : pas de date, pas de lieu, pas de nom, et surtout aucune idée de ce qu’il y aura sur les photos. À chaque fois c’est une découverte, des bonnes ou moins bonnes surprises. Il y a une certaine excitation devant l’apparition des images numérisées et positives. Y aura t-il une pépite ? C’est d’ailleurs très subjectif…

Négatifs en vrac…

C’est aussi l’occasion de mener une enquête : quelle époque (on regarde les vêtements, les automobiles), quel pays, quelle ville ? Quelle est cette église, son architecture, quelle région ? Chaque détail peut être inspecté. Et donne lieu à des recherches parfois fructueuses !

Les histoires de vies

L’avantage des forts lots de négatifs c’est qu’ils sont souvent issus d’une même famille, d’un même photographe. On a donc des chances de trouver sur les images des personnages récurrents. On pourra ainsi parfois suivre des familles sur plusieurs années.

[illustration] plusieurs photos des anglaises (sur presque 10 ans) ou Michel (sur plus de 20 ans)

Les séries techniques

La collection donne l’occasion de découvrir un pan important de l’histoire technique de la photographie.

La photographie stéréoscopique

L’Opéra de Paris (éclairage frontal)

La photographie stéréoscopique est un procédé permettant de voir des images en relief. Le principe est simple : deux vues prises avec un léger décalage qui correspond à l’espace entre les yeux, et qui permet au cerveau de recomposer la vue réelle et les effets de parallaxe.

Elle a été très à la mode dans 3 vagues successives : tout d’abord des vues commerciales (comme celle ci-dessus) pour lesquelles on utilisait des appareils en bois et / ou métal, parfois très élaborés. Avec l’apparition des plaques au gélatino-bromure, et des appareils adaptés, on a pu faire nos propres vues stéréoscopiques. Enfin la dernière vague a été à nouveau avec des photographies commerciale et les très populaires visionneuses Lestrade et Stéréoclic.

Avec la vision libre (et un peu d’entrainement), on peut recomposer l’image en relief sans avoir besoin d’un stéréoscope.

La photographie stéréoscopique est magique. On ne peut être qu’ébloui quand on voit le relief pour la première fois sur des images anciennes. Même les plus blasés amateurs de films en 3D et autres casques de réalités virtuels seront abasourdi de découvrir que les vues en relief existent depuis si longtemps. 

[illustration] faire un test grandeur nature de vision libre : en mettant le doigts entre les yeux, à 15cm et en faisant la mise au point dessus, on va faire glisser la vue et former derrière la 3e image recomposée en relief.

La deuxième surprise apportée par la photographie stéréoscopique vient des tirages qu’on appelle tissue. Il s’agit de cartes commerciales montée de sorte que la photo soit presque transparente lorsqu’elle est éclairée par l’arrière, parfois doublée d’un papier de soie avec des couleurs, parfois simplement parsemée de petites trous. La lumière par l’arrière pourra alors colorer la scène ou l’illuminer à travers les trous. Féerique…

L’Opéra de Paris (rétro-éclairage)

[illustration] jouer avec la lumière sur une reproduction trouée

Les surimpressions

On les classe souvent dans les photos ratées, mais les impressions multiples ont une place de choix dans la collection. Je préfère les appeler des accidents heureux…

En effet, les premiers modèles d’appareils photos ne se verrouillaient pas après la prise de vue, et on pouvait, volontairement ou involontairement prendre une autre vue sans avoir avancé le film ou changé la plaque, et donc superposer plusieurs images.

Voyage involontaire à Lilliput

[illustration] superposer des tirages sur transparent (rétroprojecteur)

Plus d’expositions multiples : https://lechronoscaphe.com/theme/double-exposition/

La naissance de la photographie couleur

Une particularité de la photographie ancienne qu’on pourrait avoir oublié aujourd’hui, c’est que les vues étaient en noir et blanc et qu’on a commencé à pouvoir choisir de faire facilement des photographies couleurs qu’à partir des années 60. 

Mais la photographie en couleurs a pourtant existé avant cette période. Il y a eu de nombreux procédés expérimentaux, mais le premier a avoir été commercialisé fut l’autochrome, à partir de 1907. Des grains très fins de fécules de pomme de terre colorés en orange/vert/violet servaient de filtre. Un peu plus tard fut mis au point le procédé Dufay qui repose sur un principe similaire, mais avec une trame très régulière.

Une diapositive Dufay (fort grossissement). On distingue clairement la trame.

Puis dans les années 30 vont apparaître dans les laboratoire Kodak et Agfa les futurs films à couleurs qui rendront la photographie couleurs accessible au plus grand nombre.

Le procédé Dufay : https://lechronoscaphe.com/?s=dufay
Les diapositives Kodak et autres : https://lechronoscaphe.com/theme/kodachrome/

Les portraits cartes de visite

Si la photographie amateur du 20e siècle est centrale dans la collection, je ne m’empêche pas de faire des incursions dans d’autres domaines photographiques.

L’un d’eux est la photographie d’atelier de la seconde moitié du 19e siècle, et les portraits cartes de visite. Pour cela, j’ai choisi de faire une présentation sur le site un peu spéciale. En effet, les cartes sont réalisées dans un carton fort, souvent assez élégant, où est collé le tirage du portrait. Elles ont un recto (le portrait) et un verso (le nom et l’adresse du photographe, parfois accompagnés d’une illustration). On a donc un objet de belle qualité qui donne envie d’être manipulé, tourné. Alors pour le présenter sur le site, j’ai créé un système ou la carte se retourne au survol.

Les cartes de visite et les cartes de cabinet (format plus grand) ont été très étudiés, de même que les ateliers de photographies, les décors, les usages de pose. Je n’ai pas voulu rentrer dans ces considérations pour lesquelles je n’ai rien à apporter, mais plutôt me focaliser sur l’aspect « objet photographique ».

[illustration] montrer des cartes, les manipuler…

Les lanternes magiques

Un autre exemple de photographie que je trouve intéressant d’inclure dans la collection est celle produite et reproduite pour faire des plaques à projeter dans des lanternes magiques. J’y suis venue par le biais d’autochromes qui étaient dans ce format assez particulier. En effet, les plaques autochromes se prêtent bien à la projection, comme le seront plus tard les diapositives de nos souvenirs de vacances : une image transparente, positive et, dans le cas de l’autochrome, en couleurs. Les lanternes magiques ont été très populaires jusqu’au début du 20e siècle, et des éditeurs commercialisaient des séries de photographies à portée informative, éducative, voire de édification religieuse. Au même titre que les portraits cartes de visite, il s’agit là d’objets qu’on peut manipuler, mettre devant la lumière…
https://lechronoscaphe.com/theme/lanterne-magique/

Les albums photos

Je choisis de n’acheter que rarement des albums photographiques. Pourtant, ils sont riches d’informations, de lieux, de dates, mais c’est peut-être justement pour les mystères que je préfère les négatifs (et aussi pour la qualité des photos que l’on peut ensuite en tirer). 

Le sujet de l’album photo pour le coup est assez banal et largement utilisé comme thème de recherche.

Les séries familiales

Voilà donc l’aspect charmant de cette collection : à travers des lots de photographies découvrir et suivre des personnages au fil du temps. Les quelques séries qui suivent sont celles qui me sont les plus chères.

Les jumelles anglaises

Dans les premiers temps de ma collections, j’ai acheté un lot de négatifs qui étaient dans des pochettes anglaises. Il s’agissait de photographies prises entre la fin des années 20 et la fin des années 30 (la mode féminine…). On comprend à travers toutes ces images que la famille est anglaise, une fratrie et beaucoup de portraits montrant deux sœurs sans doute jumelles. Une séries de photos prises dans une piscine (que j’ai identifiée comme la piscine de Brighton, maintenant détruite) me donne une idée de la région où ils sont, et de nombreuses vues prises sur des plages normandes laissent à penser qu’ils traversent souvent la Manche…

On prend le bateau…

On voit donc, au fil des ans, nos petites jumelles devenir des jeunes femmes, nager, faire du ski, jouer sur la plage…
https://lechronoscaphe.com/serie/les-anglaises/

Les sœurs à chapeau

Encore une fratrie, encore les années 30-40. Je n’ai pas réussi à localiser la plupart des photos (sauf deux séries à Paris dont une visite à l’Exposition universelle de 1937). On suit les deux sœurs, mais aussi d’autres enfants ou alliés.

Pierre

Un de mes plus beaux lots de négatifs sur plaque de verre. Il date du début du siècle et contenait des séries variées, manœuvres militaires, vues de Paris, portraits de familles, construction de la flèche du Mont St-Michel, etc. Une boite était sobrement intitulée « Pierre » et montrait des portraits d’un petit garçon, à la mer, à vélo, en train de jouer. 

Les portraits ont beaucoup de charme et de tendresse. On supposera qu’il s’agit du fils du photographe…

Jeunesse heureuse

Une courte série, mais très tendre qui dépeint une après-midi où les enfants ont mis leur maillot de bain, ont pris les vélos et sont allés nager dans un étang. Des sourires et des rires, ça respire la joie de vivre. On y voit une des sœurs de la série « à chapeau », plus jeune que sur ces images et celles de l’Expo 37, donc on doit être plutôt autour de 1935.

La mascotte

« L’homme fort », « Le monsieur qui met ses doigts dans les oreilles », « Monsieur Moustaches »… On a envie de lui donner un surnom, mais on ne sait rien de lui.
En tout cas, j’en ai fais ma mascotte !

[illustration] créer un personnage articulé (les bras, des attaches parisiennes, en grande taille ) ?

Les événements

La collectionne permet d’avoir une image intéressante des évolutions sociales à travers la photo, et du rapport des gens à ce medium.

Les expositions universelles

Les bains de mer 1900 – 1940

.https://lechronoscaphe.com/theme/mer/

les années 30

.https://lechronoscaphe.com/era/annees-30/

Voyage en Egypte

Les séries formelles

La mode des années 40

Les robes 1900

les mêmes tissus

le vélo

De l’enfance à la vieillesse

les mamans cachées

les jouets

la jeunesse

les mariages

mon automobile

les congés payés

la vieillesse

Les éphémères

Là il y a quelque chose à faire de l’ordre du pèle-mêle je crois… https://lechronoscaphe.com/ephemere/

En tout cas la voie est libre pour l’imaginaire dans cette zone.


Objets manipulables

  • grands négatifs (internégatifs qui ne craignent rien)
  • petits cadres + opalines
  • copies de photos
  • un faux album
  • des pochettes anciennes (copies ?) contenant des négatifs
  • des boites de plaques
  • pourquoi pas révéler un cyanotype, mais est-ce assez spectaculaire ? 

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