J’ai souvent publié sur le site des galeries de photographies montrant des visites à l’Exposition coloniale de 1931. Les expositions étaient des événements populaires, même si notre regard est, heureusement, bien plus critique aujourd’hui.
Dans les années 30, la photographie était devenue une activité accessible au plus grand nombre, et ces événements étant très fréquentés, on en retrouve naturellement de nombreuses vues.
Je vous propose ici une nouvelle série, un peu différente non pas par le sujet, ce sont des vues classiques, mais par le support. En effet, le matériel photographique que je collectionne est principalement des négatifs, qui sont souvent à cette époque sur plaques de verre. Le négatif étant la matrice de la photographie, on peut y lire plus de détails et récupérer une image de meilleure qualité.
Ici c’est un peu différent. J’ai bien récupéré des négatifs au format traditionnel 6x9cm, mais aussi une série de positifs tirés de ces négatifs sur des plaques de verre du même format, ce qui est moins courant.
On trouvera très souvent des tirages au même format (par contact) sur du papier.
On trouvera aussi très souvent des positifs sur plaques de verre pour les vues stéréo qu’on regardera avec une visionneuse et bien sûr des plaques à projeter pour lanternes magiques, précurseurs des diapositives sur film du XXe siècle.
Un tirage contact non stéréo sur verre, c’est plus rare.
Mais ça existe.
Ainsi, et cela fera l’objet d’une prochaine galerie, on trouve des positifs dans des petits cadres en laiton à suspendre à la fenêtre, souvent doublés avec une plaque de verre dépoli pour rendre l’image plus lisible, ou tiré sur un verre laiteux.
Les formats courants des plaques à suspendre sont le 9x12cm et 13x18cm, parfois aussi le 6x9cm. Ces vues ont-elles été crées pour être présentées dans ce genre de petit cadre ?
Les boites de ce lot de plaques étaient mélangées, mais je pense que celle d’origine était cette boite d’opaline Guillemot, prévue donc pour les tirages positifs de ce format. Si les plaques d’opaline existent dans ce format, c’est donc que ça ne devait pas être si rare !
Dans la série qui suit, les tons ont été virés. Il s’agisse là d’une teinte volontaire produite par un bain spécifique, le bleu par exemple est un virage au fer. Mais le résultat est une palette allant du bleu profond au turquoise, du mauve au bistre.
Les plaques pour tirages au gélatino-bromure d’argent pouvaient être fabriquée en « tons chauds », c’est à dire des tons sépias. Le virage est déjà « inclus » dans l’émulsion. Il est courant de trouver des vues stéréo dans ce coloris.
Le virage, selon le métal employé, peut avoir plusieurs objectifs : le virage à l’or va renforcer l’image et lui donner une plus grande durée dans le temps, le virage au sélénium va augmenter le contraste, le virage au fer va donner des tons bleus. Certains virages donnent des tons plus chauds au noir. Les virages peuvent aussi être ratés et donner des résultats aux couleurs inégales, comme on en verra ci-dessous.